SLAM

MA VILLE LA NUIT

Il fait nuit
Il fait nuit
Y’a un cris, un oiseau, une claque
Y’a un bruit, étouffé comme une vague
Y’a un feu, tout là-bas, sur le toit.

Dans la neige, y’a une mouette,
Y’a des fruits, dans le boui-boui,
Des africains qui tapent, des
Enfants qui jouent.

Il fait nuit, Il fait bruit,
Des voitures passent, c’est le calme,
C’est l’ennuie, c’est
L’endormissement, et le
Rêve, y’a une trêve, un
Moment suspendu.

Y’a un agent, un pâtissier,
Y’a des chiens, des gredins,
Jongleurs, artistes, écrivains,
Y’a des taxis et la plume
D’un pigeon qui s’envole.

Y’a Noémie et Sébastien
Qui font l’amour,
L’éternité c’est rien qu’à eux,
Y’a Adrien, qui surf de
L’autre côté de la terre,
Et au Brésil, ils parlent
De Voyages, y’a des cubains
Qui fument un havane,
Y’a Elisa qui écoute la
Chanson de Gainsbourg,
Y’a Ilona qui revient de
Hongris, il y a des chats
Qui rodent la nuit.

Il y a Michel qui pense
A sa mère, un avion
Passe dans le ciel, le
Ciel est dégagé, il pleut un
Peu, il est la nuit,
Voici quelques couleurs
De ma ville la nuit


©grégoire pellequer



J’ME SUIS RENDU !

Ca y est, j’me suis rendu en prison, me
Laissez pas ressortir, chuis un dangereux
P’tit gars, ouais, des gars comme moi,
Si vous saviez ce que je pense,
Si vous saviez ce que j’ai fais, vous
Ne me laisseriez pas en liberté.

Ca y’est, j’me suis rendu en prison,
Il était temps, j’commençais à
M’faire chier dehors, y’a pas grand
Chose à faire et les loyers sont
Chères, alors qu’ici c’est gratuit, y’a
La télé, bon, c’est vrai, c’est un peu
Réduit, pour faire des fêtes c’est un
Peu juste, et puis pas d’alcool, pas
De pétards à faire tourner, c’est vrai, sinon
On f’rai tout pétaradé !

Ca y’est, j’me suis rendu en prison,
Chez mes copains les matons, j’avais
Besoin qu’on m’cadre, depuis qu’j’ai
Quitté mes parents, j’ai dû mal à
Nager dans ce vaste océan, je
Savais plus par ou aller, y’avait
Trop de choses proposé, d’activités, de
Métiers, et fallait avoir du blé.

Ca y’est, je me suis rendu, je me
Suis calmé, et quand je regarde les
Champs de blé à travers ma fenêtre
Engrillagé, je me dis qu’en sortant, ça sera
Bien, ça sera mieux.

Ca y’est je m’suis rendu, j’ai réfléchi, je
Suis sortis.

Je suis sortis par une petite
Porte de souris, il faisait
Nuit, j’ai vu les étoiles, ma
Planète, ma famille, les
Champs de blé, la mer,
J’me suis rappelé, j’ai
Eu des projets, d’aller encore
Plus loin.

Ca y’est je m’suis rendu,
J’en avais besoin
Maintenant je suis libéré.


©grégoire pellequer




J’ai trente deux ans, mais dans ma tête j’ai douze ans
JE SUIS UN GOSSE DE DOUZE ANS

Qu’est ce qui fait qu’me retrouve là à Paris, au cours Florent, dans cet appartement, n’ayant à faire que la vaisselle, dormir, ou écrire un texte sur cet condition déplorable ?

Mais c’est bien moi qui choisis non, qui choisis de ne pas travailler, d’être au RMI ?
En fait, c’est moi qui choisis à ne pas être ce que je voudrai être, mais qu’est ce que je voudrai être, où voudrai-je aller, partir ?

J’ai bien choisi de faire un bac cinéma, les beaux-arts, du théâtre, écrire, du slam ?
En fait, si je ne voulais pas faire tout ça, il fallait que je m’oriente ailleurs ; patisserie, voyage, cirque ?

En fait ce qui ne va pas c’est que monter sur scène est plus une vengeance qu’une volonté, c’est pour dire a ceux qui m’ont fait du mal ; voyez, je suis aussi fort, même plus fort que vous ! Mais en fait, ils resteront gagnants car j’imagine qu’ils continuent leur vie peinardement, à évoluer dans leur domaine, passion, métier.

Ils ne m’ont pas permis d’évoluer vers ce que l’enfant que j’étais rêvait d’être, ils ont fait de moi un guerrier qui a dû se mettre des armures pour se protéger de leur méchanceté, et toute cette énergie à me protéger, je n’ai pu la mettre à développer ce que je voulais être.

Qu’est-ce que je voulais être, c’était quoi mon rêve de planète ? Si je n’avais pas dû me protéger de la persécution, je serai en train de construire depuis bien longtemps ma planète, j’aurai rencontré comme tout à chacun des comètes, et je me laisserai glisser, au vent, comme Adrien le marin, vers des îles merveilleuses ou il y a toujours un trésor à découvrir.

Dans ma tête j’ai encore douze ans, dans ma tête, ce long cauchemar n’a pas eu lieu ; persécution, écriture, RMI, dans ma tête j’ai douze ans, et tout est encore à construire ; je veux être libre et me passionner pour ce qu’on me dis à l’école, avoir des camarade, sortir le soir, avoir mes premières petites amis.

Je n’ai rien eu de tout ça. Dans ma tête j’ai douze ans et tout reste à construire.

La réalité est que j’en ai vingt de plus, que ce cauchemar a effacé le rêve de ce gosse de douze ans.

Je suis un gosse de douze ans à qui on a volé son rêve, qui a été laissé, là, à s’empoussiérer, qui s’est mis des armures, s’est enfermé, puis par l’art, essaye d’évacuer ses blessures ; celles du passé et du quotidien.
Je suis un gosse de douze ans, c’est à cet âge là que j’ai arrêté de grandir.

Et maintenant, à trente deux ans, je suis perdu. Ca fait tellement longtemps que je ne grandis plus, que je suis frustré dans plein de domaine, que je ne crois plus à grand-chose !

A quoi je rêvais quand j’avais douze ans ?


©grégoire pellequer



SUEDE

Il y a quelque chose
Dans le manège qui
Ressemble à du
Froid.

Un tourbillon de grandeur
Sur le lac enlacé.

Chromosome trituré, ciel
Violacé et rosé dans l’attente
D’une lumière, effaré,
Scandalisé sur tes pas
Ravagé.

Pouvons-nous patiner
Sur cette abandon glacé,
Devant ces cheminés empourprés,
D’eau salé, revigoré
Par les pierres de
Familles. Un matin,
Sur le sable esseulé,
J’ai vu la brune se
Lever, me donner de
Quoi me rassasier. Nous
Nous sommes fait des baisers,
C’était chaud.


©grégoire pellequer




ETAT D’URGENCE POLITIQUE


Urgence politique, pourquoi, parce
Que quoi ?

Urgence politique.
J’appelle le peuple à manger des bananes !

Urgence politique
J’appelle les flics à fumer des joints

Urgence politique
J’appelle les humains à se reproduire

Urgence politique
Manger du chili con carne, je
Répète, manger du chili con carne.

Urgence politique, prenez des douches,
Je répète, prenez des douches et des
Bains chauds.

Mettez vous des crèmes sur le
Visage, je répète, enduisez vous
De douceur.

Prenez vous par la main
Et chantez « petit papa noël », faites
La ronde.

Urgence politique. Ramassez
Des fraises des bois et des framboises,
Faites une grosse salade de
Fruits, je répète, allumez
Des bougies. Etat d’urgence,
Faites des gâteaux au chocolat,
N’oubliez pas la crème anglaise.

Faites de la politique, je répète,
Faites la fête, état de grande
Nécessité, prenez la guitare,
Je répète un accordéon, une
Batterie. Etat de transe, état d’urgence
Frappez en cadence !

©grégoire pellequer



Etre malade c’est trop bien !!

Alors, bande de malade, vous êtes en
Bonne santé, moi je pète la forme, j’ai
Décidé de me nommer « Petit corps en bonne
Santé » ! « Grand corps malade » c’est déjà pris,
Et puis j’aurais du mal, je mesure trois
Têtes de moins que lui, et puis en bonne
Santé, parce que je pense que je vais plutôt
Bien, à part si j’ai le sida, car j’ai couché
Avec Yasha, qui coucha jadis avec des
Clochards, et ainsi de suite, car maintenant,
Faire l’amour, on peut mourir ; ça vient d’sortir !

Non, je crois que je vais bien, à part
Un petit rhum qui me traîne depuis que
Je suis née, des cernes à jamais ce qui fait
Qu’on croie que je suis toujours fatigué ! Non,
Décidément je pète la forme, je vais bien,
Je ne suis pas comme l’autre malade
Qui traîne son grand corps à la télé ;
« Hai, salut les gars, chuis malade,
Est-ce que vous voulez m’aimer ? » Eh
Franchement, tous les gens qui regardent
Ardisson, c’est des cons ! » J’en rencontre tous
Les jours de ces malades qui n’ont rien
D’autre à foutre que de se planter devant
Cet autre malade qu’en a rien à foutre
De ses invités maladifs : « Hai salut les
Malades, vous êtes toujours aussi malade
De regarder à quel point je suis
Malade, désormais la mode, c’est d’être
Malade, si t’es pas malade, c’est que t’as rien
Compris, alors mon ami, c’est quoi ta
Maladie a ti ? : « Ouais, j’viens
D’sortir un skedi, un skud quoi, ou
J’parle de ma maladie, si j’pouvais
En vivre ce s’rai bien, j’dis aussi
Qu’j’ai mal au rhin, et qu’ma rum elle
Aime les fraises ! , si ça intéresse
Quelqu’un ? Ouais, j’ai décidé de vivre
De ma maladie, chez pas quoi faire
D’autre de ma vie. J’voulais être prof
De sport, bon, avec ma béquille, j’pourrai
Tenter l’saut à la perche, mais franchement
J’ai pas envie d’faire le malin, être
Malade c’est trop bien ! Tu t’rend compte, si
J’avais été en bonne santé, je ne serai pas
Passé à la télé, maintenant j’vais p’têt’
Faire du ciné, et j’ai rencontré Edouard B.

Franchement être malade c’est trop bien,
Y’en a un autre qui plais bien, i s’appel
Grégoire et c’est une star, avec sa voie
D’enfant malade, il remporte un de ces
Succès ! Franchement, être malade c’est
Trop bien !

©grégoire pellequer



MON AMOUREUSE !

Anaïs Colucci, c’est mon amoureuse, parc’qu’Anaïs Colucci, elle est vach’ment bien comme fille et tout, elle est très belle et je suis beaucoup heureux quand elle est là !

Dans la cours de l’école Florent , on joue aux billes, à l’élastique, on s’amuse bien, dans le bac à sable on fait des galipettes et c’est toujours la fête quand je voie les sourires d’Anaïs Colucci ; elle m’en fait plein, elle me fait des câlins, elle me prend dans ses bras et je suis le roi.

On fait des pâtés de sable et c’est des formes imaginaires, extraordinaires qui se dévoilent sous nos doigts, ils se frôlent quelque fois et ça me fait tout chose, je sais pas des fourmillements partout, et alors je la regarde au fond des yeux, de ses yeux tout bleu, je la prend par l’origine des fourmis, et je lui fait faire des tours et des tours, je lui fait faire l’avion, des tours et des tours, le ciel devient tout violet, les nuages tout rose, l’air merveilleusement pure et sein, quand Anaïs Colucci est là, tout va bien !

Anaïs Colucci, moi j’étais son moteur dans la vie, et elle, mes ailes pour m’envoler, la cours de l’école était un immense champs de fleurs et d’animaux qui gambadaient dans la forêt. Avec Anaïs Colucci on courrait dans toutes les directions, main dans la main, on se prenait les cheveux dans les branches, dans les griffures des ronces, les orties nous faisaient des guillis, les feuilles des arbres chlorophilaient notre tête, y’avait des chouettes et pleins de bruits d’insectes, des animaux, de la mousse et des lichens, des pâquerettes et des lilas, du bois, des racines et des lianes, Anaïs c’était ma liane, mon sourire.

On a pris une liane et on est allé s’aimer dans la mousse, loin au-delà des territoires connu ; c’était pur, ça sentait bon, Anaïs sentait la naissance.


©grégoire pellequer

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour
je m'appelle Yann Casseville, étudiant en journalisme à l'Institut des médias (Paris).
Je réalise un magazine sur le slam, dont le dossier principal sera consacré à la poésie et au théâtre.
J'aimerais donc savoir s'il était possible de se rencontrer pour une interview.
Je me tiens à votre disposition, 06 19 37 65 55,
merci,
Yann.

Grégoire a dit…

Bonjour,

Excusez moi de ne pas avoir répondu à vote message mais je ne vais plus sur ce blog.

G un blog de peinture:
www.flickr.com/photos/gregoire_pellequer/

et un blog pour le slam:
www.myspace.com/grgoire

Si vous le voulez, vous pouvez me contacter sur mon mail ou sur FB.

gregoire_pellequer@hotmail.com

Bonne journée.