J'ai soif Fred!

L’année dernière, moi j’trouvais qu’Fred y buvait pas mal, peut-être, sans ça y pouvait pas, peut-être qu’il était trop sérieux d’habitude, je veux dire quand il était avec ses parents, sa famille. Moi, je l’avais toujours connu comme ça, c’est à dire porté sur la bouteille, c’est à dire, je savais pas quand il parlait s’il était normal ou un peu bourré, du genre, quand je l’ai connu, il me sortait de soit disantes blagues, je le regardais comme s’il s’agissait d’un extraterrestre, d’un débile. Je comprenais rien à ses blagues! Alors, comme un con, je le regardais et lui souriais, je suis sûr, de la façon la plus niaise qui soit! Bon, bref, heureusement il s’en rendait pas compte, mais la connexion ne se faisait pas. On était chacun sur une planète, comptant bien y rester de pied ferme! Et un jour, ça a collé, ça devait être dans une de ces soirées chiantes où je connaissais personne. C’était les copains et les copines de ché pas qui, sûrement des en fac de droit ou apprenties secrétaires
J’avais pas envie de les connaître de toute façon, j’avais pas envie de parler de toute façon. Toujours les mêmes trucs, et qu’est-ce que tu fais, et, moi ça me rappelle que, et moi j’aimerais bien ci et ça, mais c’est dur, oh oui c’est dur! Et ton copain, y fait quoi? T’as un copain? T’habites où? Et, ce serait bien qu’on se fasse une bouffe. Tient, il reste de la bière? T’as pas un peu de shit? Et à un moment ça dérapait, ça rigolait. Si j’étais bien bourré au départ et si je connaissais des gens, car nous sommes dans l’époque “copinage et compagnie”, tout se passait à peu près bien, et je faisais et disais n’importe quoi, même si personne m’écoutait. Mais j’étais toujours un peu dans mon époque “j’aime pas parler”, mais paradoxe, j’étais là quand même. En fait, ça me distrayait. Je buvais des verres et je mangeais, quand, Dieu soit loué, y’avait à manger, et puis j’étais content qu’on m’invite. J’étais le type qui passe pour gentil, souriant, aimable, “hyper sympa!!!”, mais je m’en foutais royalement. Ce qui me préoccupait depuis des lustres c’était mon “Moi”, mon putain de moi, qu’est-ce que j’allais bien pouvoir foutre dans cette putain d’existence? Qu’est-ce que je pourrai faire, réussir? Ma réponse favorite: “rien”.
A la dernière soirée, je ne me rappelais plus chez qui mais ça n’a pas d’importance, j’ai été voir Fred pour lui demander son avis sur la question: “ T’as d’ces questions toi alors, le rien n’est pas rien, c’est toujours quelque chose. Allez buvons mon ami, buvons!”
Mais avant tout, y’avait ce putain d’espoir qui m’engloutissait. Je m’étais allumé une clope, même si c’était pas bon pour la santé, j’oubliais tout, d’un coup, pour goûter à ce paradis de tabac.
C’était ce truc, les grandes et longues soirées à la mode où chacun branchait l’autre. Y’avait toujours les filles qu’il fallait allumer, fallait les rendre moins seules. La seule chose pour les aborder – moi, vous l’avez compris, j’ai l’air un peu timide! En fait, quelques fois aussi, j’y mettais de la bonne volonté! – Donc, je zieutais l’assemblée des gonzesses tristes, rapatriées dans un coin sombre de la pièce pour qu’on ne les remarque pas trop. Vous arrivez vers elles, un truc qui trompe pas elles regardaient leurs chaussures, souvent, il faut le dire, crades à souhait, genre orange fluo, vous voyez, mais un peu poussière aussi, ouais franchement...
Tout le peuple réuni en cette fête, convié à boire des coups, ouais, avec de la musique à fond, ouais, de l’alcool à flot, des cahouètes, du déconnage, ouais, des blondes grandes et pulpeuses, ouais, ouais, le cheveu qui ondule jusqu’à mi-dos et la chaussure rouge à mort et brillante avec les talons trop bien foutus.
La p’tite meuf là, dans son coin, qui regarde dégoûtée sa misérable poussière. Elle est écrabouillée. La grande duduche, qui bien sûr ne l’a pas vue - robe courte, bien décolletée et moulée et tout - la cache encore plus, c’est vraiment l’humiliation !
La soirée commence à devenir moite, heureusement, je suis stationné prés de la fenêtre. Il fait nuit, y’a des étoiles, un jolie petit vent. J’observe la rue, pas un chat, grand désert. J’ai la vue sur les toits.

Ces petits rassemblements de personnes “Alors, qu’est ce que tu fais en ce moment ? ”, question pertinente originale au possible permettant d’introduire une conversation qui durera généralement dix à quinze minutes au bout desquelles l’homme pensera: “Il faudrait peut-être que je change de crémerie!” Sur ce, il jettera un coup d’oeil à son verre et ira le remplir. Et justement, c’est là que j’interviens. J’avais empoigné une bouteille de blanc pleine, l’avais débouchée, ainsi l’homme que j’étais ne s’ennuyait plus. Il avait fallu que je cherche premièrement dans la pagaïe de la table, un tire-bouchon, et puis ça me permettait de parler, chaque individu qui s’approchait: “eh mec, t’as pas vu le tir bouchon?
_ Non!”
Et s’il n’avait rien à foutre, il faisait semblant de m’aider à chercher, guettant sa prochaine victime. Quand on l’avait trouvée, il fallait s’avancer vers elle, nonchalamment, avec un verre, petit sourire aux lèvres et alors pouvait commencer les hostilités. Donc mon tir bouchon trouvé, la bouteille
Tire-bouchonnée, je m’employais à remplir les verres. Ouais, je vous l’ai dit, je suis le mec “hyper sympa! »
Evidemment, j’avais repéré son verre vide, c’était la seule personne “dispos” de la soirée et il fallait bien quelque chose pour commencer à titiller la demoiselle, hein? La bouteille était pas mal entamée, mais pour son verre et le mien, c’était bon: “ oh, t’as ton verre vide, tu bois quoi? Ca te dirait du blanc?” Mais la fille ne broncha pas, elle n’avait même pas entendu, elle regardait toujours ses godasses en remuant de la tête. Bon, j’ai été trop vite, reprenons... Je m’assis avec mon pauvre verre et ma pauvre bouteille, tout proche d’elle, comme elle, les genoux remontés sur le ventre. Je me mis à regarder mes chaussures, je m’en foutais. Je tournais la tête vers elle, m’aperçus qu’elle avait des écouteurs sur les oreilles, ça faisait “ t’chack, t’chack, t’chack... “ Elle devait pas aimer la musique ambiante et préférait son rêve, imprégnée dans sa jungle.
Fallait que je fasse un signe, décidément, tout le monde se donne un rôle dans la vie et y’a toujours un truc pas prévu qui arrive. Merde, faut arrêter de réfléchir! Bon, tu veux cette gonzesse? Tu veux lui parler? Prends-là! Alors tout naturellement, l’air de rien, je lui remontais une mèche sur l’oreille, elle se tourna vers moi.
Je lui pris l’écouteur, style le mec intrigué qui voudrait connaître ce morceau rare. Je lui montrai la bouteille, elle me tendit son verre. Elle avait les jambes longues et fines, blanches, un petit tee-shirt blanc, avait les cheveux longs, noirs, les yeux bridés. La fille genre chinoise, ou de Taïwan, ou un truc de ce genre. Putain, j’avais envie qu’on aille faire un tour dans la cuisine, ou quelque part, mais j’avais jamais fait une chose pareille, fallait y aller au culot, arrêter de jouer, finalement, j’en tire ces conclusions, au mec gentil qui veut avoir plein d’amis, et parler, discuter, échanger des points de vue! Fallait arrêter merde! A force, on allait m’enfermer ou quoi? Je deviendrais complètement fou. Faut que je dise les choses clairement, baiser merde!
Je lui glissais dans l’oreille: “t’écoute depuis longtemps de la techno? “ Vraiment la question con, et puis elle allait me répondre, c’est de la trip hop machin, c’est du hip hop chose. Faire le type qui s’y connaît et qu’en à rien à foutre, ça craint un peu mais bon, c’était trop tard. Je levais la tête vers l’assemblée, rien avait bougé, des coups à boire, des rires, des clopes, la nuit, la fenêtre, la lumière, la table, la télé, les olives, les rires, les mal rasés, les filles sympas, les dents blanches, la bière, le gin-punch, les parts de pizza. Oh malheur, la vie. Bordel, cette vie, putain, et j’étais ce connard parmi ces connards, quel délire! Quelle perte de temps, merde, oh et puis j’en savais rien. Bon, faudrait que je me décide non? Je suis vraiment débile merde!
Bien alors, voyons, la suite des évènements, non mais c’est quoi ça ? ! C’est vraiment dément. Mais qu’est-ce que j’ai? Allez, vas y, met-lui la main au cul, tout le monde fait pareil ! Non, j’aurais du mal, elle est assise dessus. Bon, je mériterais vraiment des baffes hein, je l’amène à la cuisine où pas? Non mais c’est quoi ça ? ! Bon, je tente une main sur la cuisse, je tente une main ? Bon, et si ça se trouve, ça m’étonnerai franchement, que y’est personne dans la cuisine. J’en ai marre, ma mère m’a pas assez mis de baffes quand j’étais petit ! Et voila où j’en suis, là, à me demander n’importe quoi. Oh lala, ma timidité va me tuer! Et papa tient, ils devraient apprendre à leur gosses à draguer les minettes, n’empêche mon père, il aime vachement ça ce salaud !
Bon, qu’est ce que je fais? C’est trop tard maintenant. J’ai laissé trop de blanc entre nous. Et putain, elle pourrait m’aider, elle dit pas un mot! Je suis dans une mélasse, une impasse, un trou noir. A l’aide, au secours! Mais bordel, ses jambes! Bordel, et ce petit short moulant, Dieu sait où ça mène tout ça!
J’avais peur que ça ne fasse pas naturel mais tant pis. Personne n’avait l’air de nous avoir remarqués, enfin, y’avait rien à voir, en tous cas pour l’instant ! Je glissais ma main sur sa cuisse chaude, appuyé sur son corps, et soudain je sentis une chaleur, mais une chaleur ! Je caressais doucement sa cuisse, elle avait de petits poils, c’était doux. Elle posa sa tête sur mon épaule. C’est dans la poche, je me dis, mais bon, c’est un peu tôt pour se dire ça, ne te laisse pas envahir par ces sentimentalismes à la gomme, comme d’habitude. Continue ton chemin mec, vas-y fonce, vas-y jusqu’au bout. Tu le sais ce qu’elle attend, du sexe, que ce soit hard quoi! Eh oui, c’est tout ce qui maintient ce monde pourri aussi lié, l’animalité, le feu!
La cuisine était à deux pas, fallait réussir à se lever, à la lever, mais bon, je ne sais pas si c’est le meilleur endroit. Généralement, y’a du monde, normal c’est près du frigo, le ravitaillement est pas loin! Je me levais, elle m’adressa un regard et me fit signe d’attendre. C’était un léger début de soirée, les bouteilles commençaient à être bien entamées. Bordel, j’avais envie d’elle et elle avait pas l’air d’être contre. Ca discutait sec. Je pris quelques bribes de conversations, nous servant deux grands verres de vodka avec du punch. Y’avait des jésus, du sida, des films, des recettes, des maquillages, du lait pour la peau, le dernier voyage en Chine de Machine, des thèses et des maîtrises. Car, ouais, le baccalauréat, c’était y’a des plombes! Maintenant, c’est les soirées étudiantes dont la moyenne d’âge est vingt-cinq ans. D’ailleurs j’en revenais pas d’en être arrivé là! Je ne voulais pas le savoir, j’avais un truc important ce soir, mais je ne savais même pas son prénom.
Je levais la tête et y’avait Fred qui me barrait la route. Fred, il est vachement grand: “Alors, ça roule mon Loulou? Elle va pas être jalouse l’autre?
_ Non, y’a pas d’autre, y’a plus d’autre, elle a été lâche et hypocrite. Elle est plus rien pour moi, enfin si, enfin c’est compliqué, mais bon, maintenant je sais quoi faire.
_ Ben, bonne chance.
_ T’inquiète, elle a l’air très gentille, on va aller faire un tour à côté.
_ Oh lala, je vois que t’as des projets mon Loulou, fais gaffe de pas renverser tes verres ! ” J’en bu une gorgée de chaque puis c’était reparti.

Elle avait toujours ses écouteurs coincés sur les oreilles. Je ne savais pas si je faisais le poids avec la techno car elle paraissait vachement mordue. Je me rassis, la place était encore chaude. Je n’aurait peut-être pas dû me lever mais un bon verre n’était pas de refus. Ma nouvelle copine planait de nouveau, repartie loin, très loin dans les vagues du minimalisme. C’est vrai qu’en y étant à fond, t’avais pas besoin de prendre de l’extasie! Je lui mis son verre sous le nez, l’embrassant furieusement dans le cou. Ouais, j’avais décidé que c’était pas tout ça, fallait que je la gagne cette soirée! Bordel, elle était croquante à souhait, et ce punch vodka aussi, d’ailleurs. Je me trouvais toujours postée entre son cou et mon verre. L’alliance des deux était un régal, cette peau chaude comme celle d’un bébé, avec ce mélange fruité d’alcool! J’embrassais ce cou, (bordel), de partout, y faisais de petits suçons. Je me souvenais qu’étant plus jeune, une copine m’avait fait ça pour rigoler. Je me tenais ensuite devant elle, fier! Là, j’espérais bien faire, ça devait être la première fois que j’exerçais ce genre de truc. C’était bon signe, même si je tentais à m’appliquer, elle n’avait toujours pas gueulé, signe que je ne l’avais pas encore mordue _ je faisais gaffe, avec mes dents! _ C’était génial, c’était comme si je suçais des dizaines de tétons, ou des biberons, au choix, mais je pense préférer la première solution!
Ca devait vraiment faire le mec acharné qui peut pas en démordre mais, encore une fois je m’en foutais que toute l’assemblée nous regarde ou non, ça m’était égal. Son cou était trop bon, plus j’écoutais sa jungle, plus je sentais les battements de son coeur, tout ça, boum boum ..., puis me voilà enfin à sa nuque. Je pensais être sûr d’avoir fait tout le territoire. Eh oui, je suis du genre rapide quand il s’agit d’une urgence! Et mon brave verre, toujours là, dans une de mes mains, je serais incapable de dire laquelle mais je ne l’avait pas cassé! Donc, la nuque, célèbre pour sa légende, zone de charme irrésistible bien connu, mm, miam... j’en veux encore. Elle avait pas mis de parfum, c’était parfait, j’aime pas les filles à parfum, ou alors suggéré, ça passe. Mais des qui sniffent à 500 mètres, non merci! Enfin, le meilleur je crois, j’en suis quasiment sûr, c’est le sens bon naturel d’une femme juste après un bain de mer, c’est salé, chaud, sableux juste un peu,... j’adore! Je remontais prés de l’ouïe pour lui chuchoter : “Tu bois ton verre”. Si elle en avait eu marre, elle m’aurait dit: “non mais pour qui y se prend lui, je fais ce que je veux!” et elle se serait cassé en ajoutant bien fort, pour être sûre que tout le monde entende: “Et puis de toute façon, j’en ai marre de toi!” Et elle m’aurait planté là, rejoignant une de ses copines et bavardant comme si j’avais jamais existé. Et ouais, les filles c’est comme ça, on sait jamais comment ça peut réagir ces petites bêtes là, oh lala, c’est qu’elles sont si imprévues, on peut pas en faire ce que l’on veut! Non, je rigole, j’exagère, mais, n’empêche, faut que je fasse gaffe, on m’a déjà eu comme ça, par derrière, et évidemment, c’était moi le connard qui n’avait rien compris. Enfin, à ce moment présent, c’était loin d’être le cas, y’avait aucune raison que je me fasse une parano quelconque et elle prit son verre et l’avala cul sec puis, me passant un bras autour du cou, rapprocha son visage de mes lèvres.
Heureux, je regardais le monde. Y’avait Fred qui discutait avec une fille, genre Israélienne. Il avait l’air de bien s’amuser, avec son verre à la main, du gros rouge, genre Vieux Pape. Il était le seul à pouvoir en boire vu que les autres carburaient à autre chose: “Ah, sacré Fred, je me dis, il changera pas!” Et elle me pris par la main, tout en enlevant ses écouteurs et en appuyant sur le bouton du baladeur qu’elle portait à la ceinture. Houa, la meuf, elle fait tout en même temps! “T’es une battante, ça se voit!”, je lui dis fort, parce que les gens parlaient aussi, fort!! Ouais, je sais, j’avais encore sorti une connerie. Bon, ça va, je dis plus un mot, comme ça, y’a pas de risque! N’empêche j’étais épaté! Le genre de fille qu’il me faut, risquant des trucs, putain j’hallucine. Bon, j’arrête de rigoler dans ma moustache! Bon, on passa devant la cuisine mais j’étais tenu à une laisse, plus maître de mes moyens, plus maître de mes décisions, mais ça m’allait impec, incapable d’en prendre une bonne et raisonnable dans cette existence et sur cette bonne vielle terre, non, qu’on ne m’en parle plus!
Finalement, on entra dans la cuisine et y’avait une bande qui se passait un joint d’herbe, ouais, j’ai reconnu tout de suite à l’odeur, je ne suis pas tout à fait con finalement et j’allais peut-être espérer tirer une latte où deux mais fallait que je m’incruste dans le groupe, faire le mec, ah tiens je passais par là par hasard,et c’était vrai. J’eu hélas, le temps de rien faire, faut dire, comme pour tout ce qui constitue ma modeste personne, je suis un peu lent du ciboulot. Donc, la main continuait à me tirer vers des espaces à elle, qu’elle me dictait pas à pas. J’avais ce sourire aux lèvres, il faudrait pas que je me regarde dans une glace! “ Tient, t’as vu ce qui z’on, du thé à l’orange!
_ !?? »

Son regard avait filé au dessus du frigidaire, entraînant ainsi nos deux corps dans une chorégraphie pressante. Elle ouvrit la boîte posée là, sur un coin du garde-manger. J’aime bien ce mot garde- manger, là où l’on garde, le manger ! Elle huma l’intérieur et me fit sentir : “J’ai faim, je dis.
_ Moi aussi.”
Et on recommença à s’embrasser mais plus longtemps cette fois-ci, on s’installait dans un jeu de langue délicieux. “Faut faire chauffer de l’eau.
_ Attends, attends”
Et encore une fois, elle pensait à deux choses à la fois. Dis Donc, elle avait pas finit de m’épater. Que c’était bon. Je la regardais un instant: “Comment tu t’appelles?” Elle me répondit de ses yeux fous et intenses mais aucun sons ne sortis de sa bouche, semblant avoir ignorer ma question qui devait être, comme à l’accoutumée, conne à souhait, et elle replongea de plus belle, j’étais au paradis. Mes mains folles circulaient dans ses cheveux. J’adorais ça, me mêler des cheveux d’une fille, c’était presque sexuel comme truc, sensationnel! Sa main à elle courait sur mon ventre, allait à mon cou, passant par mon dos. J’avais chaud putain, j’aurais eu envie d’enlever ces tonnes d’habits, mais je pouvais pas, y’avait du monde! En fait, il est arrivé à qui, le joint, faudrait pas qu’ils m’oublient. Ah, bien voilà, il est joli le mec, lui aussi il pense à plusieurs trucs en même temps, sacré lui. Et puis c’était excellent cette soirée, j’en voulais toujours plus, et ce qui arriva, arriva. Comment voulais-je être heureux si je ne me contentais jamais de ce que j’avais? Je vous l’ai dis, je crains à mort! Je crois que je tombais amoureux, surtout quand je sentis sa main se balader du côté des endroits interdits. Je l’emballais de plus belle et je bredouillais un truc: “Bon, qu’est-ce qu’on fait... Où on va... Je sais pas, où tu veux!...” Elle se dégagea: “Faut faire bouillir de l’eau, tu veux une tasse de thé? Qui veux du thé, qu’elle gueulait, et elle passa dans la pièce à côté pour passer les commandes!” Bon, ça va, elles sont comme ça, imprévisibles, faut pas t’en faire, tout est normal... Je pris la plus grande casserole que je trouvais et me dirigea vers l’évier. Ben quoi, j’avais envie de lui faire plaisir, et je regardais l’eau couler tout en finissant ce joint des pures merveilles.
Maintenant, y’avait Simon and Garfunkel dans le salon et y faisait presque nuit. Tout le monde s’était mis à danser, la maison était enfumée, presque personne n’avait pas son petit bout incandescent à la main. Que c’était bon de danser, mais comment allais-je faire? Dans le flou des personnes, je retrouvais la lueur de la fenêtre grande ouverte. En contre-jour, je la vis, c’était comme dans un film, un rêve! Le truc allait être méga brûlant c’en étais sûr! Et avec ma manière bien à moi de trembler comme une feuille, j’allais ébouillanter tous mes convives, les convives plutôt, je n’étais pas chez moi, mais j’allais dire, je ne vais pas faire un roman sur ma vie. Non, ce soir, j’étais bien, y’avait cependant une question qui me turlupinait et elle me donna la clé dès que je fus en train de me mouvoir superbement devant elle, pour lui montrer mes biceps (non je rigole!) . “Pour ne pas te brûler, il faut, alors, d’abord, tu mets le thé dans la théière, eu... trois pinces, puis tu mets l’eau bouillante dedans. T’apportes d’abord les tasses sur un plateau, vide! puis la théière, ensuite les gens se servent! Bien, j’avais tout enregistré.
_ Et puis, c’est tout?”
Non mais sans blague, si elle voulait me mettre au pas et bien, il fallait pas qu’elle y compte. Bref, elle m’embrassa quand même très magistralement, il faut bien le dire alors bon, si elle voulait du thé, j’allais servir mademoiselle, heu... mademoiselle comment? Encore une fois, je pu constater qu’elle ne m’écoutait pas, elle m’avait donné ses ordres et basta. C’est chiant d’être bien avec quelqu’un mais qui ne parle pas!! Et oui, fallait qu’elle me pardonne, je n’avais pas beaucoup de culture, donc peut-être qu’elle me trouvait un peu faible, qu’elle ne trouvait pas nécessaire de répondre à mes questions! Enfin, Elle embrassait ‘achement bien! Je faillis poser une autre question, du genre, combien de tasses ou, où est le plateau? Ouais, faut bien être matérialiste dans ces moments là, désolé ! J’allais bien trouver le maître ou la maîtresse de cet endroit vachement sympa, non? Je m’éloignais et partis à l’aventure. Je savais vraiment pas encore ce que je foutais comme connerie mais à l’heure qu’il est, de toute façon, fallait que je m’occupe de ce thé de bon dieu, puis après d’elle, je l’espère avant qu’un autre coup furieux se présente à moi. Ce gag n’allait pas durer longtemps je le sentais. Je me sentais d’ailleurs rapide et efficace. Le monde dansait, ah c’était un peu mou tout ça, n’empêche! Je m’étais reremplis un verre en grignotant trois, quatre choses, réfléchissant bien à ce que je devais faire, il ne s’agissait pas que je rate ma mission, décidément, j’adore ces soirées, passionnantes!
Bon, c’était quoi là, la donnée de départ? Je m’éloigne un peu du sujet non? Si j’avais eu une rédaction à rendre, la thèse aurait pu passer, l’introduction avec la fille techno tout ça, Fred et le Vieux Pape mais putain là, j’avais une couille! Putain, ché pas si on me comprend mais je cherche à la baiser, la coincer dans un coin et que ça gicle merde! Si doit y’avoir une antithèse, je suis en plein dedans. Non, non, vous rêvez pas, je suis en train de jouer au mec qui va servir du thé. Alors, bon, c’est p’t’ête pas l’bon plan mais c’est la vie, faut espérer!
Donc, voilà, la parenthèse étant refermée, l’arrêt sur image ayant fait son temps, eh ouais, je suis ridicule, là, figé sur moi même, le verre presque à mes lèvres, le regard plongé dans le lointain, un bras en l’air – ché pas ce qu’il foutait en l’air – et le pied pressant à peine soulevé, tel un cheval stoppé en plein galop qu’on a arrêté dans la course, tel le cow-boy courant de ce pas vers un sublime avenir qui, j’en suis certain, pourra changer les choses pour lui. Mais là, non, je n’en suis pas sûr, le coup de la tasse de thé, il en a un peu marre, on la lui a déjà faite, mais bon, ça va les gars, stop!
J’avais décidé, et j’en étais même certain, c’est que la vie, de toute façon, ne me réserverait rien de magnifique et qu’elle me laisserait, comme c’est souvent le cas, sur le banc de touche à essayer de résoudre tel ou tel truc ou prouesse que je m’étais donnés à faire, à accomplir, et qui de bien entendu ne marchait pas ou tombait à l’eau au bout d’un moment d’énervement. Non, je ne l’avais pas décidé, c’était comme ça. Moi, je voulais bien aimer cette putain de vie, mais elle, elle disait que non, non non, essaye encore une fois mon petit et tais-toi, ainsi tu gagneras peut-être ton paradis! Encore, peut-être, et mon cul, c’est du poulet!?
Ah, c’est difficile, c’est difficile!
Non, elle te laisse peiner, t’abrutir sur ton pauvre sort. Désolé, fallait faire un partage. Il y a les cons, oui mais, intelligents. Ils seront heureux et t’écraseront de leurs tchatches et de leurs belles dents blanches, lavées avec un super dentifrice, pur bien de la consommation!
Et il y aura toi parmi d’autres, tu es gentil et tu as ton coeur à partager. Malheureusement t’auras rien compris, la vie c’est pas ça, la vie c’est, la vie c’est, comment dire... faire le poids avec les grands de ce monde, nager goulûment dans ce sale fric, manger des hamburgers, être pote avec les keufs, ou encore mieux, se faire C.R.S, et rêver un jour de tabasser l’Arabe, le bougnoule, les vieux, son voisin, toi, espèce de microbe qui n’a jamais rien compris et qui ne comprendra sans doute jamais que dalle, pauvre con!
De toute façon, tu t’es dit un beau jour de soleil que la vie était nulle, que tu ne traverserais pas dans les clous, que c’était la faute de tes parents, ces sales connards et petits snobinard de pacotilles qui t’avaient mis au monde, un beau jour, et qu’en plus dans ce pays, y pleuvait tout l’temps!
Eh oui, s’il ne se passait rien, c’est que j’avais bel et bien décidé qu’il ne se passerait rien. Ce n’était pas la vie qui n’était pas belle, c’était moi qui n’était pas beau, qui ne savait pas profiter d’elle, des bars, des fêtes, des promenades et des autres hommes qui essayaient tant bien que mal d’introduire une conversation avec cette tête à claques de moi. Mais bordel, ils me saoulaient, et gna gna gna et gna gna gna. Putain vos gueules les mouettes à la fin!
Néanmoins, ils riaient, étaient heureux, avançaient, pas moi! Bien fait pour ma gueule!
C’est là que le Dieu tout puissant, ce connard des Bermudes dont je ne crois pas un traître mot de ce qu’il dit car il n’est jamais de mémoire d’homme apparu clairement, intervenu, tel un super, encore mieux que superman, pour délivrer votre âme torturée, et aussi votre corps qui, bientôt, ne ressemblera plus à rien si vous ne faites pas quelque chose. Alors, en un rien de temps, bouffez, riez, dansez, baisez, pétez, prenez des douches, mettez-vous du parfum, faites-vous une nouvelle coupe de cheveux, achetez-vous des robes, un autoradio, une nouvelle panoplie de l’inspecteur Gadgets! Mais faites vite, la vie, cette petite filoute ne vous laissera que peu de temps pour vous aérer la figure! Eh oui, elle est comme ça, après tant de labeur et d’efforts, elle vous laisse un temps de répit, genre, tu vois, tu n’as pas fait tout cela pour rien, voilà ta récompense.
Ca s’appelle comment déjà ça? Ah, putain c’est bizarre, je ne m’en rappelle plus, ah zut,... ah, ça y est, l’espoir non?
C’est vrai, ce soir, je n’avais pas l’intention de laisser cette chance de côté. Je buvais du coca-cola, du gin, et Fred est venu m’offrir du Vieux Pape: “Alors mon Loulou, ça s’passe comme tu veux? Tiens, finis ton verre, j’ai cet intéressant breuvage en ma compagnie.
_ Je connais, dis-je, sans intention aucune de le vexer”
J’aimais pas trop ça, mais bon, ce soir, fallait rire, ouais, y’avait à rire, y’avait à rire, ouais ouais ! !
“Ah, en fait tu veux du thé?
Ouais, y’avait à rire!
_ Sacré toi! Je sais pas toi, mais moi j’commence à être un peu chaud, c’est que ça y va la fête à Francine.
_ Ah, ouais, c’est vrai, elle s’appelle Francine.
_ Ben ouais, si tu veux, ça va m’faire du bien.
_ Faut que j’la retrouve maintenant.”
Je pris congé de Fred _ comme on dit dans les vrais Bouquins! _ Je compris aussi que mon cerveau commençait à déraper car, comment dirais-je? Ne me sentais-je pas un peu gai, n’est-ce pas?
Voilà, y’avait un peu de techno maintenant et le monde dansait sur Sandrine de la plage, je zieutais ma merveille à moi en direction de la fenêtre mais ça ne se faisait pas de s’amener les mains vides! Surtout qu’elle me l’avait demandé super bien gentiment (je parle bien non?). Donc, je remis ça, partis à la recherche de ce canon de beauté, qui, aussi sympa fut-ce t-elle, j’en aurais pas voulu pour le moins du monde, auprès de moi, dans mon lit! A mon avis, elle avait pas assez grandi et s’empiffrait de bonbons aux sucres ou à l’huile et ne faisait rien pour arranger ça ! C’était une petite boulotte moche comme un poux, ou alors, pour être poli, je dirais que son charme devait être bien enfoui. Madame se présentait rousse, deux nattes de chaque côté, pour décorer ! Mais je l’aimais bien Dame Francine. Ouais, mais je vous disais, le sourire, pas top, les dents du bonheur ouais ! En avant !
La bouche sensuelle et pulpeuse à souhait m’indiqua donc où je pouvais trouver les tasses: “Tu cherches, c’est trop difficile à expliquer!” soufflait-elle en même temps que la fumée de sa Malborow. Moi, je préférais les Camel, ouais, on vit avec notre temps, on est cool non?
Je m’apprêtais à regagner la seconde pièce maîtresse de la soirée tout en lui narrant: “Ta soirée c’est du béton” et en pensant: “Mais comment l’appelle t-on, sapristi! Stéphanie, Cristelle, Françoise, Gwénola?”
C’te soirée, ouais, j’l’aimais fort, ça l’faisait bien. Est-ce que ça l’fait ? Ouais ouais, faut qu’ça l’fasse, j’suis en place ... N’empêche, j’m’amusais comme un p’tit fou .Tout le monde, il était beau, tout le monde il était gentil. Ca l’faisait hyper bien, ouais ouais ... Quand j’avais bu un coup, hai mec, y’a plus aucune prise de tête, hai, j’suis bien, j’enlèverais bien ces habits, ouais, car il fait un peu chaud, ouais, bien que la f’nêtre soit hyper immense ouverte, tu vois? Ainsi j’aurais la bite à l’air et pourrais la baiser comme bon il me semble au milieu de la moquette et des invités, ouais, ouais, ça l’faisait bien hein? Où j’pourrais partir avec elle, et plus jamais tout seul, comme il m’arrive de le faire, ne plus jamais se retrouver seul dans le vent errant, cherchant où je vais, le chemin de mon lit solitaire, putain arrêtez moi, je vais pleurer!!...
Ne plus jamais suivre ces stations bus à n’en plus finir, continuer le chemin de ta bordel de destinée qui te dicte d’aller ouvrir ta putain de porte chérie, de t’enfermer sous tes couvertures comme un vilain petit canard qui aurait voulu toucher d’un peu de trop près le bonheur. Non mais ça va pas non, ça brûle!
Fallait que je le fasse, que je serve le thé, qu’on le boive et qu’on aille faire nos cochonneries ailleurs! Ne vous enfuyez pas chères lectrices, je ne suis pas comme ça, un salaud! Mais bon, je connais certaines pauses du Kama-Sutra, même que y’en a, c’est pas marqué dans l’bouquin!
J’y étais tout près, mais y’avait comme qui dirait un petit bouchon pour accéder à cette fameuse cuisine de légende. Les gens discutent vraiment n’importe où! La musique transportait. Avec les
conversations, la fumée, c’était Hyper...! Ce que je ressentais, indescriptible ! ! Je tentais de trouver mes marques dans ce royaume de barges. Plus tard, on allait raconter dans les livres d’histoires l’importance de la cuisine chez les jeunes peuples de la fin du vingtième siècle en France! Une seule question subsistera: Que faisaient-ils tous entassés là dedans ? Tout, et à l’occasion des pâtes qui colles et de la purée Mousseline!
Quand enfin j’atteignis ma quête éperdue après tumultes pardons, excuse-moi c’était ton pied, la soirée se passe bien? , putain je suis crevé, je sens que je vais me rentrer, tient goutte un peu c’est de l’AFGHAN, t’as vu le dernier film de Leonardo Di Caprio? Ah j’suis déçu, j’en ai pleuré...
Éperdu que j’étais, il me fallait bien une tasse de thé et j’espérais qu’il y en ait pour toutes les personnes. Néanmoins, il y avait quelque chose me disant qu’un truc allait foirer, presque sûr! D’autant plus qu’une bande d’hurluberlus était descendu chercher des bières chez l’Arabe du coin, les seuls du quartier étant encore ouverts. Y’avait pas un doute là-dessus, les Dieux nous les ont envoyés! Et puis ils étaient remontés avec d’autres potes qui devaient traîner, probablement au courant d’une fête dans le coin, mais ne possédant ni le code, ni le numéro de la rue, la bande n’avait pu accéder à la teuf dont tout le monde se rappellerait, à l’anniversaire ou à la crémaillère, enfin, tout un poème.
Le poème, c’était dans ma tête qu’il fallait aller le chercher, hallucinant! Je me trouvais devant ce fourneau de délire, quelqu’un avait éteint sous l’eau chaude - Merci quelqu’un, tu es un saint! Sans ton aide, je n’aurai vraisemblablement pas retrouvé toute mon eau dans ma casserole! - Bon, où est la théière, où est le thé, bordel, elle ne m’a pas encore dit son nom, oh je n’aurais pas dû faire tous ces mélanges! J’avais envie de m’allonger, je ne boirai plus jamais! (On dit toujours ça!)
Y’en a qui s’était cassé: « faut qu’j’me lève demain » avaient-ils prétextés, la phrase passe partout très en vogue dans les salons en ce moment, pouvant se traduire par : « Putain, y m’font chier tous ces connards, dire que j’pourrais être bien au chaud au fond dans mon lit, j’ai suffisamment perdu de temps ici, dire que j’aurais pu travailler, allez je me casse ! Et puis y’a aucun mec à mon goût, c’est naze comme soirée!... » Autrement dit, ce nouvel arrivage faisait plutôt bonne figure, les esprits de la fête avaient, Dieu soit loué, guidé ces renforts pour combler les places laissées vacantes, et la piste de danse. Ils amenaient des bières et des conversations toutes fraîches! C’était les rois mages! Mais j’y avais mis des plombes à faire ce thé, enfin, tout en général. C’était moi tout craché. C’est vrai, y’en avait marre de discuter, mais je crois, ce qu’elles voulaient, c’était un homme sachant leur faire un bon thé, le reste, elles avaient beau être arrosées de sperme, je pense qu’elles s’en foutaient, j’avais qu’à ranger ma bite, que je n’avais pas encore sortie en fin de compte !
C’en était presque prêt, style, le breuvage allait réchauffer tous ces amateurs de bières froides et de rigolades qui ne veulent dire que des choses étrangères à mes divines oreilles et détraquent mon âme. Mais depuis le temps que je me le narre, si ça ne me fait pas du bien, ces fiestas à l’eau rosace, pourquoi je m’y acharne? Est-ce thérapeutique comme syndrome?
En tout cas j’avais tendu l’oreillette dans la cuisine, et accompagné du flot de bouillant coulant sur les paillettes noirs de théine, j’avais suivit une conversation, et je savais désormais comment la nommer, je m’empressais alors de tout faire pour que Lola soit régalée dans les plus brèves secondes.
N’y avait-il pas des merveilles de madeleines pour accompagner la boisson de ma délicieuse?
Décidément je n’avais d’yeux que pour elle et les pisseurs de kronembourg, j’en avais rien à battre!
Des gens continuaient à parler dans la cuisine illuminé, mais y’avait longtemps que je n’y comprenais plus rien.
J’entrepris mon entrée dans le living-room; un nuage de flou, comme de la fumée.

J’aimais qu’on me demande des trucs, genre ce thé, genre, ché pas.
Demandez-moi n’importe quoi, faire vos lacets, grimper aux arbres, mâcher du chewing-gum. Ché pas moi, j’demande toujours quand j’ai besoin d’un service, demandez-moi merde, demandez-moi! Style j’pourrais m’rend’ compte que j’suis utile à quelque chose!
Enfin, si j’suis ici, c’est qu’dois avoir ma place, ché pas, au moins dans la tête de la personne qui m’a invitée, qui m’fait passer cette soirée sansas!
Mais qu’est-ce qui m’prend, bordel à m’poser ce genre de question dans une nuit pareille, si dingue! Faut qu’j’amêne ce thé puis me fourrer avec les autres, roter en buvant de la bonne vieille kro, pendant que je roulerais des pelles à Lola. Montre toi ma fille, comment tu es vraiment, et je te ferai mon jeu qui palpite!
Oh putain, oh putain, c’est brûlant! Y’avait Fred parmi toute cette bande d’allumée, quelques filles hystériques qui roulaient des hanches et montraient leurs nombrils.
Fred était un survivant, Lola moi de même, Lola (Ouais, c’est un petit joke, j’aime bien m’amuser avec la souris et la fonction copier coller, bon, désolé...), moi de même, bien sûr la belle et rayonnante, j’avais encore oublié son nom, bref ... En fait, on était assis en rond par terre, comme dirait Renaud, sur un tapis Indien, chez Germaine. Bref non. Non, non, c’était pas Germaine non plus. Je savais pas ce qui se racontait, c’était quoi le sujet du moment?
Y’avait de la musique douce. Genre, ché pas trop bien quoi mais c’était bien. Dans mon verre, un fond de blanc, fallait que je pense à le remplir à nouveau, ouais j’allais me donner un rôle de plus, je n’en avais en définitive pas encore assez, pauvre de moi! Putain, quelques fois je me déteste, surtout là, à écrire, à encore tout analyser.
Y’avait un type dans la soirée, il était en face de moi, c’était lui visiblement le meneur, il parlait tout le temps, de sa manière bien à lui dont sa mère faisait des frites, putain, elles devaient être grasses ses frites, et la manière de les couper, et machin, et truc, et bidule. Et à côté d’lui, y’avait sa pouf de fille, une nana assez à mon goût mais bon, elle devait pas être très fut fut, car si elle ne se faisait pas chier à mort avec ce type de type, fallait qu’on m’explique! (Encore désolé...) Entre nous, ça doit être des chauds lapins, putain, il doivent aimer ça ces salauds! Moi aussi d’ailleurs, j’aimerais! (Voilà, je ramène encore tout à moi même, je sais, on me l’a déjà dit, mais c’est incontestablement moi le plus beau, c’est vrai, reconnaissez-le, je ne voudrais pas me vanter!)
Je (eh oui, c’est comme ça!) me levais, pieds nus sur le tapis sensuel, au milieu de la communauté. Je me mis à marcher, passant de la laine à un blanc froid. Ma personne allait attraper un rhume, c’est malin... J’allumais, j’ouvrais les placards, trouvant quelques madeleines, cet étouffe chrétien pas possible, un grand paquet, ouais, avec plein de raisins, des fruits confits, miaam miam mmm, un grand saladier (ça l’fait bien hein, tout est grand ici, à s’y perdre! ) Le parfum orange se répandait.
Fred avait beau dire ce qu’il voulait, l’odeur alléchante que je servais dans ces petits bols noirs japonais étaient autre chose que son Vieux Pape, d’une infime délicatesse aussi dois-je dire!. J’embrassais et écoutais la musique, des bribes de conversation me faisaient sourire. Ché pas si vous vous en êtes aperçu, mais je rêve. Moi aussi, fallait qu’j’me lève demain, j’allais p’t’être arrêter d’écrire ce poème où je crache et j’aime?
C’est vrai, je souriais, faisant sûrement semblant, d’accord, mais buvant, pour tenir le coup. Ma concubine, celle dont j’avais mis des plombes à obtenir le nom, était installée entre mes jambes. « Ton thé est un régal mon amour! », elle dit, assez fort pour que le meneur du cercle entendit et lança les sourires polis à la mode pour ma pomme.
Je crois qu’il faudrait que j’arrête de fumer, que j’allais faire une overdose et je commençais à voir les gens bizarres.
Bon déjà, c’est pas bon, le lecteur il en a rien à battre de ma parano intense, et puis, ça va, c’en était assez, il avait fini ce crétin de me regarder avec ce sourire faussement chaleureux, qu’y avait-il derrière? S’il avait une marque d’antipathie à mon égard, cela ne m’étonnerait pas.
Mais il fallait peut-être que je lui adresse une élocution, faisant signe à tout le monde de ma présence et rassurant, de ce fait, de mon état d’esprit délicat et très saint. Donc, si il veut qu’on en parle: « Moi, je l’ai vu!
_ Qui, pardi?
_ Leonardo di Caprio, par Dieux!
(Oui, pardi, par dieux, vous avez compris, mais j’ai un grand-père particulièrement fort à ces jeux de mots bidon!)
Donc je dis, comme au théâtre: Leonardo di Caprio, par Dieux. Et sa réplique: Qui? Et moi: Ben... Pardi! »
Comme j’étais explosé, ça me faisait rire tout seul et je ne pouvais pas porter ma tasse à la bouche sans pouffer dedans et postillonner dans la tronche qui me servait d’interlocuteur et se prenait pour l’acteur de « La Plage », et moi, Sandy, la meuf aux seins dorés des bords de Palm Beach!
C’te soirée j’l’aimais fort. Est-ce que j’l’aimais? J’étais en place, faillis même lui rouler un patin! Robert il s’appelait en vérité, et il ne sirotait pas une orangeade sucrée avec un bon filtre d’amour mais une kronembourg, laissant échapper des bruits suspects régulièrement (J’aime bien quand ça rime...) Mon Leonardo di Caprio à moi puait de la gueule! Lola, ma belle au bois dormant (sur un tapis de feuilles lisses) m’avait rattrapé au vol avant que je ne pusse goûter de sa tignasse!
Je levais mon bol en sa direction, arrosant une nouvelle fois ce tapis Made in India. J’m’amusais dans le vent errant, Fred était en train de chavirer, ayant renversé du Vieux Pape dans son thé, j’vous dit pas l’mélange. Et il se baffrait de madeleines, une horreur!
« Y’a du Crunch? je demandais à la demoiselle en nattes.
_ Non, y’a pas du Crunch!
_ Oh, zut alors. Tu sais, j’ai vu la pub à la télé... »
J’avais l’art de couper court aux conversations qui m’ennuyait. Elle discourait de sa thèse en droit civil, mais fallait arrêter de se prendre pour Colombo! Ouais, Y’avait à rire! Et p’t’êt’ aussi que j’avais assez bu, aussi du thé car j’arrêtais pas mes allers retours aux toilettes, même que le papier sentait la violette! (Quand j’étais petit, j’éprouvais le désir de m’appeler Baudelaire...) En fait, j’avais écris, J’arrêtais pas mes allées retours aux chiottes, même que c’était pathétique, la lavande!
Lola, elle se leva, glissa un mot pour Francine (merci Fred. Bon, il serait peut-être temps que je m’intéresse aux gens qui m’invitent! N’empêche, c’est p’êt’ elle qu’a inventé la farine, elle doit bien faire un truc dans la vie. Je sais, elle a pas l’air, mais bon, elle fait ce qu’elle peut! ) , mis un de ses trésors ( Je possède également la faculté de réaliser, d’exécuter des métaphores... Houa, je suis vachement fort! ), ça faisait tchack, tchack, tchack... Le voyage commença tout doucement et je coulais dans un bain de miel, une voix étrange répondait au téléphone en chuchotant des poésies enfantines. Nos jambes commencèrent leur trip hop, accompagnées de rayons lasers et de trompettes. Je lui servis un épais nuage. Son rouge à lèvre me remercia. Puis je fis le tour des japonaiseries encerclant les triomphateurs nocturnes.
La beauté faisait fureur mais mon chemin ne tournait pas rond; même si la raison était parterre et le monde alcoolisé, je m’étais donné un but voyez-vous, et au fur et à mesure de cette écriture, je m’aperçois que j’ai encore tout fait, comme me l’avait dit un prof, pour sauter à pied joint au dessus de ma problématique. La donnée de départ était claire et même si depuis j’avais évolué, je n’arriverai jamais à rédiger une dissertation qui tienne la route. Baiser, merde!
« Bon, on y va, me dit Lola? »
Attends, on va y’aller molo, que j’ai pensé.
J’étais en pleine guerre froide avec moi même et y’avait pas de moyen de se comprendre, non mais sans blague!
« Je vais pisser un dernier coup et on va quelque part! »
(Ah ça fait du bien!)
Si je fais du cinéma un jour, c’est ça que j’ai envie de montrer (non, pas ma bite! mais tout ce bin’s...)

J’entrainais Lola dans la cuisine vide où plus un chat ne régnait en cette heure divine. On avait tout l’espace, mais j’allais attendre et lui sortir mon gros gland baveux derrière ma putain de porte
( question d’intimité! ) Dans le frigo, nous mangeâmes. C’était impoli de laisser les restes, ça ne se faisait pas!
Ce soir, Fred, il avait bût et flirté avec l’israélienne.
J’avais, quand à moi, goûté aussi à plusieurs trucs et essayé des mélanges. C’était ce bin’s, ces soirées kitch dans la vague dont les surfeurs se cognaient à coups de tchatches et de dents blanches. Je n’espérais plus qu’une chose maintenant, pouvoir conclure!





Grégoire Pellequer été 1998/été 2000
Pour Fred!

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